[Trandosha] Nos ancêtres enterrés là... [Terminé]

Il faisait frais, ce soir là, sur les Steppes de Dosha. Mais surtout, et c'était bien cela qui était embêtant, c'était que le vent battait son plein et soulevait de la poussière en tout point dans une tempête parfaite couvrant de poussière tout ce qui mettait en travers de son chemin. Les Raknar avaient déployés une armée de caisse pour boucher l'entrée de la caverne familiale en plus d'avoir posé peaux et tissus pour combler les trous. Mais même avec cela, de fin filets de poussière virevoltaient dans la caverne.
Dehors, c'était l'enfer blanc, le white-out le plus total. Difficile d'imaginer des gens qui se déplaçaient dehors, encore moins des vaisseaux volés.
Quelqu'un éternua dans la caverne, il faisait froid. Emmitouflés dans leurs capes de camouflage pour se protéger du froid et de la poussière, les quelques Raknar debout continuaient inlassablement leur veille. Ceux qui dormaient sur leurs plate-forme s'étaient réfugiés sous les plis des peaux de Banthas pendant que les trois veilleurs rêvaient de retourner dans la salle d'incubation, lieu de sommeil des femelles, des nouveaux-nés et des œufs en eux même. Même le père Raknar devait se les geler, dans sa chambre, avec son épouse. Mais il fallait tenir. Pendant un moment, ils avaient envisager de faire un feu mais ils se résignèrent bien vite en songeant que la poussière dehors empêchait la récolte de tout matériel. Le premier était replié sur lui même dans un coin, le sommet du crâne dépassant de son tissu, lançait des regards à la dérobée vers l'entrée de la caverne, le fusil sur les genoux pour contrer d'éventuels voleurs. Le second était assis sur une caisse retournée à triturer un appareil radio flambant neuf lui même posé sur un conteneur plus conséquent. Il tâtait sa machine dés qu'un voyant d'appel se faisait voir et écoutait ou répondait aux messages, le casque sur les oreilles. Quand au dernier, eh bien, c'était Galdur. Assis sur un rocher, il tenait un médaillon doré frappé du symbole du CDZ dans ses mains. Habituellement, ce médaillon était accroché au mur, avec tout les trophées. Il reposa l'objet doré et frotta sa cape contre lui pour augmenter un peu la chaleur.

Depuis que Zann avait mit son nez dans les affaires de la famille, les Raknar avaient de quoi faire. Dans un premier temps, la bombe médiatique qu'avait lancée Talia sur les fréquence radio avait surpris tout le monde dans la région des steppes. Par la suite, ce fut les vaisseaux du CDZ dans le ciel, qui attirèrent l’œil. Résultat des courses : Les Raknars étaient comme des fantômes hantant un endroit. Il existait aux yeux du public sans être réellement là. Ils étaient des rumeurs. Des rumeurs qui ne tarderaient pas à se confirmer, selon Galdur. C'était en tout cas ce qu'il espérait, néanmoins, tout le monde dans la région des steppes avaient entendu leur nom, à présent.
Kashyyyk avait grogner en observant cette étrange activité sur Dosha, mais il fallait croire que ses plaintes étaient passées plutôt inaperçue dans l'oreille de la CSL, vu qu'il n'y avait pour l'instant eut aucune répression. Ou alors, le CDZ brouillait les pistes. Les Raknar avaient récemment reçu un chargement de ravitaillement en eau, le second ravitaillement depuis le début des opérations. Galdur avait été chargé de marqué d'une craie blanche les conteneurs afin d'assurer un rationnement parfait, par conséquent, il jouissait d'une bonne popularité. Son blason était déjà couvert de l'arrestation du traître Bork Varko, dont le masque de soudeur constituait son premier trophée. En choisissant sa voie, il avait à présent atteint le seuil adulte qu'un Trandoshan pouvait espéré : Le seuil où il pouvait créer sa propre famille et prendre son envol indépendamment. Galdur avait reçu des demandes d'accouplement, par ailleurs, en provenance de divers territoire environnant. Il avait rejeté ces offres... Il avait encore trop à faire pour se détendre. Zann avait été claire, quelque chose allait changer et Galdur frémissait d'excitation en repensant aux paroles de cette dernière. Le père Raknar aussi, se frottait les mains. Mais ils savaient cependant que cela serait dur et long, quelle importance dans le fond ? Ils appartenaient, tous autant qu'ils étaient Raknar, à une catégorie d'hommes et de femmes qui avait du mal à percer, sur Dosha, en ces temps-ci. Une catégorie dorée de fierté et autrefois bien présente mais qui semblait se cacher plus profondément à présent. Galdur sentit son cœur se gonfler en y pensant.
Oui, il était un de ces hommes. Un fils de Dosha.
Le petit trandoshan qui avait été blessé, le jour de l'exécution était revenu de l'hopital de la ville. Selon les médecins, ses jours n'étaient pas en dangers. Les Raknar avaient alors envoyé un peu d'eau à la famille Barn afin de l'aider à se relever. Rappelons que le fils, aujourd'hui exilé, avait payé des mercenaires pour saboter le procès et la mise à mort afin de décrédibiliser et Galdur et sa famille. Il avait payé en vendant toutes les rations d'eau de son clan.
Des pillards et de voleurs... Qu'est devenue notre patrie ?
Il ne manquerait pas de travail, les prochains mois, Galdur en était sûr. Entre Zann et la reconquête de Dosha, il y avait de quoi faire. Reformer les liens qui soudaient et unissaient les Trandoshans dans un patriotisme commun et une fraternité raciale allait être une tache délicate. Il allait devoir creuser profond au fin fond des coeurs et des esprits de tous pour refaire jaillir l'étincelle qui déclenchait autrefois des incendies. Mais pour cela, les autres devaient avoir confiance en sa famille. Ils devaient non pas les craindre mais les comprendre et leur témoigner un soutien. C'était au moins cela, qu'il fallait, pour parvenir à déclarer l'indépendance de Dosha.
Comment cette crise à t-elle put nous fragiliser et nous faire reculer à ce point là ?

Mais une tâche s'imposait, à présent qu'il était devenu un vrai chasseur. Il lui fallait sa propre lame, symbole de fierté et de personnalité pour les Trandoshans.

Rouspétant et battant furieusement de sa poussière tout ce qui se trouvait dehors, la tempête s'était figée dans un épais brouillard cinglant tout ce qui se trouvait dehors. C'était comme si il avait neigé, les corps de quelques animaux imprudents restés dehors avaient été recouvert d'un épais voile jaunâtre qui ne laissait rien d'autres qu'une forme grossière.
Les yeux cachés derrière des lunettes rondes cerclées de laiton, Galdur avançait en luttant contre le vent, la cape de camouflage serré contre lui jusqu'à la bouche. Ses pas disparaissaient derrière lui quelques secondes après que ses pieds aient laissé leur empreinte dans le moule des sables.
Il était sortit sans prévenir personne. Discrètement. Il cherchait les anciennes grottes.
Les Raknar avaient toujours vécu aux alentours des rocheuses, de génération en génération. Les Trandoshans morts étaient enterrés dans l'ossuaire familial, le caveau intergénérationnel qui mettait en scène les biens et les ossements des anciens patriarches et d'autres ayant marqué la famille. Le visiter était une chose rare par simple respect pour les morts. Cependant, Galdur sentait qu'il n'avait jamais eut autant besoin de revoir cet endroit qu'en ce moment même, alors qu'il passait une étape clé de sa vie. Où était t-il placé déjà ? Cette poussière... Cette poussière....

Il marcha longtemps en tournant autour des rocheuses du territoire Raknar, tentant tant bien que mal de se repérer dans l'horrible tempête de poussière qui collait particules sur vous et vous fouettait la figure. Des morceaux de peau se décollèrent du crâne de Galdur qui était déjà sans le savoir en train de muer, désireux de se débarrasser de cette saleté. Des rochers à l'air familiers se dessinèrent dans la poussière. Quelque chose grésilla et le Trandoshan porta un regard à l'intérieur de sa veste. Sa radio... La voix qui en sortait.
" Galdur... Galdur ?! Tu fous quoi ?!" Cria la voix furieuse de Raknar.
Galdur tourna lentement le bouton de volume du combiné et le coupa. Pas maintenant. Il se permit néanmoins de répondre.
" Pas parler. Réfléchir."
Puis, il chemina vers les rochers et passa une main dessus en dégageant un peu de poussière. Il perçut la petite gravure d'un symbole, celui des Raknar. Galdur afficha un petit sourire et il se prit à inspecter les rochers... Ici, un petit filet d'air qui passait à travers ce dernier. Le Trandoshan se prit à creuser alors le sol malgré la tempête qui tourbillonnait autour de lui. Son doigt frappa un anneau de métal qu'il s'empressa de tirer. Il perçut la roue dentée tourner sur elle même en emportant les chaînes de maintient et la trappe s'ouvrit devant lui, révélant un passage souterrain qui s'engouffrait sous terre. Le fils sourit de plus belle puis, sans un bruit et en refermant la trappe, il s'enfonça dans les abimes du passage.


C'est alors qu'il toucha les vestiges du passé... Lui, au milieu des ossements de ses ancêtres. Lui, parmi autant de reliques et de souvenirs. Lui, autour des spectres et des regards des morts.
Son esprit s'envola très loin quand il perçut les mots, les fresques, les objets qui retraçait l'histoire des Raknar. Il y vit la gloire, le sacrifice, la défaite et aussi la compréhension et l'empathie. Frisonnant, il contempla pleinement les stèles des tombes et sentit presque ses ancêtres lui parler.
Galdur tira sa radio et il enregistra quelques mots... Seulement quelques mots...